L'histoire et la philosophie de la cérémonie d'Achoura d'Imam Husseini (as)
Cette première partie vous présente le message du Aza-e-Houssayn ainsi que son évolution à travers le temps. Dans la suite nous vous proposerons la suite de cet article, par le même auteur, qui aborde l'importance du aza, sa place dans nos vies personnelles et sa place dans le tabligh. Bonne lecture...
A – Le message
Le 10 du mois de Muharram, juste avant l’heure de ‘asr, un homme se dressa sur une dune de sable à Karbala. Il saignait en raison de ses nombreuses blessures. Il avait tout perdu. Depuis l’aube, il n’avait cessé de transporter de nombreux cadavres jusqu’à son campement. Il avait également eu à enterrer le corps inanimé de son bébé. Il regarda vers les corps de ces êtres qui lui étaient chers. Des larmes remplirent ses yeux. Il leva les yeux au ciel et sembla puiser de la force d’une source invisible. Alors, tel un muezzin depuis un minaret, il lança un appel :
• Y a-t-il quelqu’un pour nous assister ?
• Y a-t-il quelqu’un pour répondre à mon appel à l’aide ?
Il se tourna dans une autre direction et réitéra son appel. Il recommença à quatre reprises. Qui appelait-il donc de la sorte ?
Très certainement, il n’attendait personne pour venir à son secours. Ceux qui avaient désiré lui apporter leur aide l’ont déjà fait et ont donné leur vie pour la cause. Il savait qu’il ne restait à présent plus personne. Il savait qu’il n’y avait plus d’autre Hur. Alors à présent, méticuleusement et laborieusement, il s’assurait que son appel ferait écho dans toutes les directions.
Il est évident que cet appel était destiné à tous les musulmans de toutes les générations et de tous les pays. C’était un appel qui nous était destiné, où que nous soyons. C’était un appel à l’aide, une aide contre le yazidisme qui s’élève pour mettre à bas la justice, la vérité et la moralité. Notre Imam appelait ainsi tous les musulmans de tout âge et de tout temps afin de combattre le yazidisme, qui s’exprime en chacun de nous mais aussi en tant que force extérieure. C’était là son cri de guerre pour le plus grand des jihad. Il nous a montré que son objectif avait été de créer un éveil spirituel à l’égard du « amr bil ma’ruf » et le « nahyi anal munkar ». À présent il nous appelait afin de poursuivre ce jihad sur le plan individuel, social et politique.
B - Évolution du Aza
Les musulmans et plus particulièrement les shiites ont répondu à cet appel avec l’instauration du aza-e-Houssayn (as). Avec chaque larme que nous versons pour lui est notre gage de résistance contre l’injustice, l’immoralité, iniquité et le mensonge. Chaque fois que nous levons la main pour frapper notre torse durant les maatam nous exprimons notre « labbaik, labbaik ya Mawla » à notre Imam, Houssayn (as), le petit-fils du Saint Prophète (saww).
Le Aza-e-Houssayn a longtemps été exclusivement utilisé en rapport avec les cérémonies de commémoration du martyr d’Imam Houssayn (as). Le aza-e-Houssayn inclut les rassemblements de deuil, de lamentation, de maatam et toutes les actions exprimant les émotions du deuil, de colère, et par-dessus tout, de répulsion contre tout ce que Yazid représentait. Ces émotions, malgré tout, restent futiles et hypocrites à moins qu’elles soient accompagnées d’une volonté de réformer sa personne et la communauté.
Le terme majlis a un sens grammatical et un sens en rapport avec le aza-e-Houssayn. Dans son sens technique, un majlis est une réunion, une session ou un rassemblement. Ce mot pris dans le contexte du aza-e-houssayn signifie rassemblement pour pleurer Imam Houssayn (as) et ce sens fut utilisé la première fois par notre sixième Imam, Ja'far Sadiq (as).
On relate qu'un jour, son compagnon al-Fadhayl ibn Yasaar vint voir le Saint Imam (as) pour lui témoigner son respect. Après l'échange des politesses usuelles, l'Imam demanda à al-Fudhayl: « est ce que vous autres organisez des madjlis en souvenir du martyr d’Imam Houssayn? » Al-Fudhayl, les larmes coulant de ses yeux répondit: « Yabna Rasoullillah, en effet, nous le faisons. » L'Imam dit alors: « Qu'Allah te bénisse. J'approuve fortement ce genre de madjlis. »
À une autre occasion, le poète Ja'far ibne Iffaan récita pour notre Imam al-Sadiq (as) un poème sur la tragédie de Karbala. L'Imam commença à pleurer abondamment. Il s'adressa alors au poète en ces termes:
« Ô Iffaan ne t'imagine pas que ce sont uniquement ceux que tu vois ici qui écoutent ton poème. En réalité les anges les plus proches d'Allah sont présents ici à ce madjlis et eux aussi sont en train d'écouter ta récitation et eux aussi pleurent et se lamentent. Qu'Allah te bénisse pour ce que tu as récité. Incha'allah, Il te récompensera en notre nom avec le paradis pour tes efforts. »
L'aza-e-Houssayn est un phénomène qui a saisi la conscience musulmane immédiatement après la tragédie de Karbala.
Le premier madjlis-e-Houssayn fut récité sur la place du marché de Kufa par une dame de la tête de qui le voile a été arraché, dont les espoirs et les espérances ont été détruits, sur le sable ensanglanté de Karbala mais dont l'esprit indomptable s'est exprimé afin de libérer de l'étreinte de la tyrannie et de l'oppression les valeurs islamiques. Elle a été la première à répondre à l'appel de Houssayn (as).Assise sur son chameau sans selle, elle regarda vers cette multitude de personnes se réjouissant de la victoire de Yazid. Mais en la voyant, tous se turent car ils avaient la sensation qu'un épisode historique était en marche à Kufa. Regardant fermement vers eux, la fille d’Ali (as) leur lança:
« Que la misère soit vous ô peuple de Kufa. Est ce que vous réalisez quelle partie du coeur de Muhammad vous avez déchirée! Quelle promesse solennelle vous avez rompue! Le sang de qui vous avez fait coulé! L'honneur de qui vous avez violé! Ce n'est pas seulement le corps sans tête non enterrée de Houssayn (as) qui est allongé sur le sable de Karbala. C'est le coeur du Saint Prophète (saww). C'est véritablement l'âme de l'Islam. »
Le premier madjlis toucha et émut la population de Kufa si profondément qu'il entraîna la naissance du mouvement des Tawwabun et la quête vengeresse d'al-Muktar.
Dix jour après Karbala, un messager de Yazid nommé Abd al-Malik ibne Harith al-Sulamee arriva à Médine. Il venait annoncer au gouverneur de Médine, Amr bin Said al-Aas, qu’Houssayn ibne Ali (as) a été tué à Karbala. Le gouverneur, plus conscient de l'état d'esprit de la population, répondit qu'il ne pouvait annoncer publiquement la nouvelle. Mais s'il le désirait, Abd al-Malik pouvait se charger de faire cette annonce publique. Le messager s'acquitta donc de cette tâche après les prières du matin. Il y eut des pleurs et des lamentations si intenses venant de la demeure des Banu Hashim dont tous les murs du masjidul-nabawi commèrent à trembler. Zaynab, Umme Luqman, la fille de Aqeel ibn Abi Talib sortirent en criant:
« Que répondrez-vous lorsque le Prophète (saww) vous demandera: vous ma dernière Ummah, qu'avez-vous fait à ma descendance et à ma famille après que je les ai laissés? » Certains parmi eux sont prisonniers et d'autres gisent assassinés, maculés de sang. Quel genre de ajr-e-risaalah est là que de me désobéir en oppressant mes enfants? »
Fatimah binte Huzaam, plus connu sous le titre d'Ummul Baneen, porta son jeune petit-fils Ubaidullah ibne Abbas et se prépara à sortir. Lorsqu'on lui demanda où elle allait, elle répondit qu'elle emmenait l'orphelin d’Abbas présenter ses condoléances à la mère de Houssayn. Marwan ibne Hakam rapporte que tous les après-midi, hommes et femmes se réunissaient à Jannat-ul-Baqee où des commémorations de la tragédie de Karbala avaient lieu et les pleurs et les lamentations pouvait être entendu à des lieux à la ronde.
Lorsque les prisonniers furent finalement libérés par Yazid, ils demandèrent la possibilité de faire une cérémonie de commémoration à Damas. Une maison fut mise à leur disposition et un aza-e-Houssayn eu lieu durant toute la semaine. Tout comme Hazrat Mussa Kalimullah fût élevé dans le palais de Firaun, l'ennemi d'Allah (swt), bibi Zaynab (ahs) jeta les fondements de l'aza-e-Houssayn dans la capitale même de l'assassin de Houssayn (as).
Sur le trajet de retour vers Médine, bibi Zaynab (ahs) pris en charge le leadership de l'aza-e-Houssayn dans la ville du Saint Prophète (saww). Cela suscita une émotion si forte dans la population et une telle révulsion à l'égard de l'oppresseur qu’Amr ibn Said ibn al-Aas écrivit à Yazid afin de demander l'exil de Médine de bibi Zaynab (ahs). Cela sera fait au début de l'année 62 AH. Bibi Zaynab (ahs) décéda peu de temps après.
Nos 4e et 5e Imams (as) ont fortement encouragé les aza-e-Housayn. À ces époques-là, l'aza-e-Houssayn était fait de manière secrète puisque les régimes étaient opposés à toute forme de souvenir de la tragédie de Karbala. Les poètes qui composaient des élégies et les shias dévoués qui assistaient aux rassemblements où ces élégies étaient récitées le faisaient au péril de leur vie. Malgré tout, les poètes continuaient à répandre leurs émotions à travers leur poésie. Certains de ces poèmes ont traversé le temps jusqu'à nous et chacun peut apprécier la foi et la tristesse que portent en eux les mots de ces poètes.
Peu à peu, l'institution de la zyarah se mit en place. Les gens commencèrent à visiter les tombes des martyrs et accomplirent là l'aza-e-Houssayn. Nos Imams (as) ont écrit pour eux des zyarahs à réciter. L'un de ces zyarah, connu sous le nom de Zyarat-e-Waritha, est récité par nous de nos jours. Lorsque l'on examine la Zyarat-e-Waritha, on ne lit pas seulement le témoignage de la grandeur d’Imam Houssayn (as) et l'expression ferme de son sacrifice pour la cause d'Allah (swt), mais aussi un serment solennel et un engagement par le récitant:
« Et j'ai pris à témoin Allah, Ses anges, Ses prophètes et Ses messagers du fait que je crois en Imam Houssayn (as) et dans le fait que vers Allah que je retournerai. J'ai également foi dans les lois d'Allah (swt) et dans les conséquences des actions humaines. J'ai assujetti les désirs de mon coeur à ceux du sien (celui d’Imam Houssayn) et je me soumets sincèrement à lui et promets de suivre ses commandements. »
Très clairement, cette entreprise n'a jamais été considérée par nos Imams (as) comme étant un rituel vide de sens. La récitation de la ziarat-e-Waritha est une adhésion à la cause d’Imam Houssayn (as), formulée en présence d'Allah (swt), des anges, des prophètes et des messagers et dans la prise de conscience absolue de la responsabilité des actes humains. Une personne doit toujours réfléchir sur la solennité et la gravité de cet engagement.
Jusqu'à la fin de la ghaibat-e-kubra, nous savons que nos Imams (as) ont toujours encouragé l'aza-e-Houssayn. Ils y voient non seulement l'expression du chagrin pour Imam Houssayn (as) et pour les martyrs de Karbala mais aussi le renouvellement du sermon d'obéissance à l'égard d'Allah et de Ses lois telle qu'elles sont exposées dans le Qur'an et les hadith.
Il existe des traces des dires des représentants (Naibs) durant le ghaibat-e-sughra expliquant et encourageant les aza-e-Houssayn. De 329 AH et avant, les fuqaha et les ulemas ont pris sur eux afin de propager le message de Karbala.
Shaykh Ibne Babawayh-al-Qummi, plus connu sous le nom de Shaykh as-Suduq qui est mort en 381 AH, a été le premier érudit à introduire la prose comme moyen de véhiculer le message de Houssayn (as). Il s'asseyait sur un pupitre et parlait de manière improvisée tandis que de nombreux étudiants assis à ses côtés notaient son discours. Ces discours ont été préservés jusqu'à ce jour et sont connus sous le nom de Amali (dictées) de Shaykh Suduq.
La première démonstration publique de la lamentation a eu lieu en 351 Ah. Le 10 Muharram, il y a eu une procession spontanée dans les rues de Baghdad et des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sortirent dans la rue en criant « Ya Houssayn! Ya Houssain! », frappant leurs torses et récitant des élégies. La même année, une procession similaire eue lieu en Egypte. Le régime tenta tant bien que mal de maintenir serrer les liens qui entravaient l'expression du aza-e-Houssayn. Mais il échoua. Très vite l'aza-e-Houssayn va devoir une institution avec des racines profondes dans le coeur des musulmans. Les madjlis vont évoluer vers une institution dédié à l’amr bil ma'ruf et le nahya anal munkar en plus d'être un rappel de ces évènements tragiques.
En même temps que l'Islam s'est répandu, diverses cultures ont adopté différentes formes du aza-e-Houssayn. Les « Taimur lang » introduiront l'institution du tabut et des alam en Inde. En même temps que l'Islam s'est développé dans le sub-continent, la forme du aza-e-Houssayn va évoluer pour prendre en compte les influences culturelles locales comme la représentation du message de Karbala avec pour objectif une meilleure compréhension par les populations locales, aussi musulmanes que non musulmanes.
Au début du XIXe siècle, il n'y avait pas un coin du monde, depuis l'Espagne jusqu’à la péninsule Indochinoise, où l'on ne pouvait pas observer une forme de commémoration le 10 Muharram. Les formes variaient selon les pays. En Iran, la forme la plus populaire est des pièces de théâtres passionnées comme moyen de transmettre le message de Karbala en plus des madjlis depuis les minabir. En Inde, la procession de Ashura est devenue partie intégrante de la culture islamique indienne. Même des Hindus participaient à ces processions. Le maharajah de Gwalior a toujours été vu marchant derrière le 'alam de Hazrat Abbas, pieds nus et sans aucun signe de son rang élevé. Les marthiyas et les madjlis avaient une influence si forte sur la population musulmane, qu'elle ne les ont pas seulement aidés à renforcer leurs croyances islamiques mais aussi leur ténacité politique.
L'histoire rapporte que même Gandhi lors de sa fameuse marche de protestation contre l'oppression du British Raj, pris avec lui 72 personnes, en s'inspirant dans ce choix de la protestation d’Imam houssayn (as) contre l'oppression de Yazid.
C - Importance du Aza
Le passage suivant, extrait des dernières volontés et testament de feu Ayatullah Ruhullah Khumayni (ar), est très particulièrement relevant et touchant:
« La mémoire de ce grand événement épique (Ashura) doit être gardé vivant. Rappelez-vous les cris de damnation et toutes les malédictions qui sont exprimées, avec raison, contre la cruauté des califes des Bani Unayyah à l'égard des Saints Imams (as), sont reflétées dans les protestations héroïques contre les despotes cruels par les nations à travers les siècles. C'est la perpétuation de ces formes de protestations qui brisent l'oppression et la cruauté. Il est indispensable que les crimes des tyrans, à chaque époque et en chaque lieu, soient mis en valeur à travers les cris de lamentation et la récitation des élégies dédiés aux Saints Imams (as). »
Où que les shiahs soient allés, ils ont amené avec eux les formes culturelles de l'aza-e-Houssayn comme elles l'étaient pratiquées dans leurs pays d'origine. De nos jours, l'aza-e-Houssayn dans l'une ou l'autre de ses formes, peut être vu dans tout le monde. L'aza-e-Houssayn est une institution importante et nous devons nous garantir sa survie afin de cultiver et de nourrir la conscience islamique, dans laquelle chacun d'entre nous, de nos enfants et de nos descendants restent engager pour la cause d’Imam Houssayn (as).
Cette seconde partie vous présente la suite de l'article précédent. L'auteur s'attarde ici sur l'importance du aza-e-Houssayn, tant sur le plan communautaire qu'au niveau individuel. Il nous invite ensuite à considérer l'aza comme un outil puissant de tabligh. La dernière partie de cette dicussion vous sera bientô présentée. Le thème essentiel qui y sera abordé sera la place et l'attitude des zakiri à l'égard du aza-e-Houssayn. Bonne lecture...
D - Le aza sur le plan personnel
Nous ne devons pas perdre de vue le fait que, bien qu’une forme du aza-e-Houssayn reflète une culture indigène locale donnée, l'essence du aza-e-Houssayn doit toujours être le souvenir du martyr d’Imam Houssayn (as) et notre ré adhésion à sa cause.
Il y a toujours le risque que si la forme apparaît être incompatible avec les normes locales et par voie de conséquence incompréhensible pour les jeunes générations ou pour les populations indigènes que nous souhaiterions sensibiliser au message de Karbala, la substance risque de perdre peu à peu de son sens. La fabrique de la substance ou du fond dépend invariablement de l'acceptabilité de la forme.
À travers l'histoire, les formes du aza-e-Houssayn a toujours subi des changements afin de s'adapter aux normes locales. Il nous incombe, en conséquence, de sérieusement réévaluer la forme donnée afin de s'assurer que nous parvenons à faire passer à nos enfants la substance du aza-e-Houssayn dans toute son essence et d'en faire un instrument de tabligh décisif! Notre devoir lié à Allah et Son Prophète est de nous assurer que nos enfants grandissent dans l'acceptation du aza-e-Houssayn nos pas en tant qu'un rituel et encore moins en tant que moyen de repentance, mais en tant qu'une sérieuse allégeance aux valeurs de base de l'Islam.
Dr Liyakat TAKIM, dans son discours à Toronto du Houssayn Day, fait part de ce profond état des faits:
« le message d’Imam Houssayn (as) peut être proprement compris uniquement si nous gardons à l'esprit les principes coraniques de tawheed, qui demande notre allégeance inconditionnelle à Allah seul. »
J'admets que tout le monde ne peut, aussi subitement, se consacrer à ou honorer un tel engagement. Mais supposez que le jour de 'Ashura, après avoir effectuer nos a'amals ou lorsque la zyarah est récitée à l'issue du aza, chacun d'entre nous promettions, au nom de Houssayn ibn Ali, de cesser de faire un acte contraire aux doctrines islamiques, alors imaginez communauté solide nous serions et quel excellent héritage nous laisserions à nos enfants! Cela serait, à mon avis, l'aza-e-Houssayn par excellence!
E - Le aza comme instrument de tableegh
Il est de note devoir de délivrer le message d’Imam Houssayn (as) aux populations locales des régions où nous vivons. Nous pouvons réussir cela que si nous-même apparaissons être de vrais partisans de notre Imam (as) dans toutes nos interactions avec la communauté au sens large. Nous devons refléter notre intégrité absolue, les valeurs islamiques et notre engagement sincères à l'égard de la cause de notre Imam (as).Nous ne pouvons honnêtement faire adhérer à l'engagement contenu dans la Zyarat-e-Waritha sans au moins notre intention d'honorer cet engagement.
Les processions sont l'institution utilisée de manière effective dans les pays de l'Est et en Afrique. Nous devons nous convaincre du fait que cette institution peut être efficacement utilisée dans les pays occidentaux. Si ce n'est pas le cas alors nous devons explorer d'autres moyens d'amener jusqu'aux gens le message d'Imam (as). Nous devons examiner les activités telles que:
• Le don de sans à travers la banque de sang Houssayni
• La distribution de vivres aux plus nécessiteux
• L'utilisation maximale des médias afin d'expliquer l'évènement et la raison de la mort du Saint Imam pour la sauvegarde des valeurs de base chéries par toutes les communautés
• La publication et la distribution de prospectus
• La distribution de boissons fraîches dans les écoles, collèges et universités
• La visite de patients dans les hôpitaux avec des fleurs en guise de cadeau. Vous vous rendrez compte qu'en apportant un petit cadeau à un patient dans un hôpital, vous aurez apporté le message de Houssayn (as) à l'ensemble de la famille de ce patient.
To ces suggestions sont basées sur l'institution de « sabeels » publics que l'on peut observer dans les pays de l'est et en Afrique. Bien que le deuil soit important, peut-être que nous devrions limiter cela entre les murs de nos Imambargahs, et manifester le véritable esprit de la générosité d'Imam Houssayn (as) symbolisé par l'ordre donné à Hazrat Abbas de fournir de l'eau à Hur et à son armée. Peut-être nous aussi pourrions voir un grand nombre de personnes venir vers l'Islam et Imam Houssayn (as).
F – Zakiri et la présentation de l'histoire
Je voudrais, avec beaucoup de respect, transmettre à mes collègues zakir ces mots de mise en garde.
L'exagération ne peut que jeter le discrédit sur nous et sur la cause d’Imam Houssayn (as).Les faits historiques doivent être en lien avec nos anxiétés afin de créer l'émotion, bien que parfois, nous ayons recours à l'exagération. Nous devons prendre l'histoire consigné comme un guide, une raison et une logique de restriction ou de limite comme le font nos 'ulema et fuqaha. (Ce que l'auteur tente de nous expliquer c'est que les faits historiques effectivement consignés doivent être utilisé comme des barrières de délimitation qui nous empêchent de tomber dans l'exagération).
Abu Mikhnaf fut l'un des premiers historiens à prendre des témoignages de témoins oculaires et à compiler son maqtal. Il existe toujours de nos jours un ouvrage en langue arabe appelé Maqtal Abi Mikhnaf. Des doutes existent quant à l'authenticité de ces textes. Malgré tout, nous avons des extraits cités par Tabari et par d'autres historiens. Nous, Zakiri, avons fait confiances à diverses sources, principalement le Biharul Anwar de Allamah Majlisi et d'autres. Certains très bons ouvrages existent en anglais à ce sujet. Maulana Sayyid Muhammad Rizvi est le compilateur d'un livre contenant un certain nombre d’articles très intéressants relatant l'histoire de la tragédie de Karbala. Il y a aussi le Kitab al Irshad de Shaykh Mufid (ra).
L'extrapolation de certaines inférences des faits connus ne sont pas, selon mon opinion ou selon l'opinion de 'ulemas, répréhensibles. Par exemple, la description des émotions naturelles humaines, quoique non-consignées avec des détails très riches, peut être extrapolé dans la limite de la raison et si cela ne dévalorise pas le caractère des personnalités impliquées.
Certains des maqaatil peuvent être pris en défaut en raison de certaines affirmations. Par exemple, Tabari note qu’Imam Zain-ul-'abideen (as) fut interrogé sur son âge à Kufa et il fut examiné afin de déterminer s'il avait atteint l'âge de buloogh (voir les chroniques de Tabari, vol 19, page 166). Shaykh Mufid donne un âge de 23 ans au quatrième Imam à cette époque. Il est parfaitement connu que l'Imam était marié et avait un fils. (Ce que l'auteur veut prévenir c'est l’erreur liée aux faux questionnements et les fausses affirmations que l'on peut retrouver dans certaines sources. Il est donc nécessaire d'avoir un regard critique par rapport aux sources que nous consultons et leurs contenus).
Beaucoup de contradiction de ce type existe dans les maqaatil, mais cela ne veut pas dire pour autant que nous devrions rejeter toutes les narrations dans leurs globalités. Les détails des évènements et parfois les noms des parties prenantes sont difficiles à enregistrer de manière précise, même par un chroniqueur honnête et méticuleux qui noterait les évènements au moment même où ils ont lieu. Abu Mikhnaf commença à compiler son histoire, essentiellement grâce à des témoins oculaires au plus tard 25 ans après la tragédie. Il nous est nécessaire d'être éclectique dans la limite de la raison. Pour être éclectique, nous devons savoir quelles ressources historiques son disponibles et où les trouver.
Ce n'est pas dans l'objectif de cet article que de discuter des diverses sources historiques. Aussi, je voudrais orienter le lecteur vers le chapitre 7 de l'ouvrage S.H.M Jafri, les origines et les premiers développements de l'Islam shi'a. Je suggèrerai aussi les lecteurs désireux d'approfondir la question à consulter les travaux additionnels suivants:
• Le volume de Tabari précédemment cité
• Al-Irshad de Shaykh Mufid
• L'article sur Imam Houssayn par Veccia Vaghliers dans l'encyclopédie de l'Islam, essentiellement basé sur les faits rapportés par Balaadhuri.
G – Les objectifs
Nous devons garder à l'esprit que le 'ashra-e-Muharram est une période hautement émotionnelle et cette émotion doit être exploité par les ahle minabir pour transmettre le message de Karbala, de réveiller la haine contre toutes les choses que Yazid a représentées et rallumer l'engagement vis-à-vis de l'Islam tel qu'il était prêché par les Ahlul Bayt (as) et pour lequel Imam Houssayn (as) a sacrifié sa vie.
Nous ne pouvons pas perpétuer l'illusion que l'aza-e-Houssayn ne consiste finalement qu'en quelques larmes, matam et processions. Ce sont là que des moyens et sûrement pas la finalité. Ils sont importants que s'ils mènent chacun d'entre nous à devenir de meilleurs shiah que nous l'étions l'année précédente.
Si nous perdons de vue les objectifs alors nous aurons à répondre de nos actes pour avoir favoriser l'oubli et pour avoir donner une apparence pleine de ridicule à la cause pour laquelle notre Imam (as) a tant sacrifié!
Imam Houssayn (as) lui-même avait conseillé un musulman, qui clamait être un shiah, d'avoir peur d'Allah et de ne pas faire une fausse affirmation au risque d'être ressuscité au nombre des menteurs le Jour du Jugement. « Nos shiahs » a ajouté l'Imam (as) « est celui dont le coeur est purifié de la malice, de la déception et de la corruption. Ces paroles et ses actes sont seulement pour le plaisir d'Allah. »
Nous devons, durant les ashra-e-Muharam à venir, nous poser avec beaucoup de gravité, cette question: avons-nous l'intention d'adhérer en faveur des objectifs d'Imam Houssayn (as) ou voulons nous continuer avec complaisance dans l'état où nous sommes, avec uniquement un deuil démonstratif en guise de reconnaissance pour ce martyr?
En même temps que je prie pour que nous commencions, comme nous le devrions, à comprendre la philosophie du aza-e-Houssayn et à adhérer sérieusement aux objectives du Prince des martyrs, j'espère sincèrement que jamais ne viendra le jour où les madjlis seront remplacés par des conférences cliniques vide de toute émotion. La raison, lorsqu'elle est soutenue par l'émotion, a un effet plus persistant et c'est à cette fin, qu'en guise de récompense de la rationalité du message du Saint Prophète, Allah lui dit de ne demander nulle autre récompense que l'amour des Ahlul Bayt.L'amour, en plus d'une incroyable force émotionnelle, devient une hypocrisie si une personne échoue dans l’identification et de la poursuite des volontés de celui qui est aimé.
Que tous nos Muharram soient une démonstration sincère de notre amour pour Imam Houssayn, une convergence d’émotion, et une raison et notre engagement pour Imam Houssayn (as).
Références :
Kitab al-Irshad par Shaykh al Mufid
L’histoire de Tabari
Le soulèvement de al-Houssayn par Shaykh Muhammad Shams al-Deen
Imam Houssayn, le sauveur de l’Islam par Maulana Sayyid Muhammad Rizvi
Al-Serat the Imam Houssayn Conference number, publié par Muhammadi Trust, juillet 1984
Les origines et les premiers temps du développement de l’Islam Shia, par S.H.M Jafri
Al-Tawhid, vol II N°1, l’éditorial
Al-Tawhid, vol XIII N°3, pages 41 à 74, reproduisant l’article de Martyr Murtadha Mutaharri « Ashura : histoire et légende populaire »
L’histoire du Azadari par Peermahomed Trust
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