Al-Bukhârî, citant ibn Abbâs, dans son "Sahîh", rapporte le récit suivant:
" Lorsque le Messager d'Allah agonisait chez lui en présence de quelques hommes, dont Omar ibn a-Khattâb, il dit: " Qu'on m'apporte (un feuillet) pour vous écrire ce qui vous préservera de
l'égarement. " 'Omar, alors, répliqua : " Le Prophète est emporté par la souffrance. Vous avez le Coran. Le Livre de Allah nous suffit. "
"Comme ceux qui étaient présents n'arrivaient pas à s'entendre et se partagèrent entre l'opinion de 'Omar et l'ordre du Prophète, celui-ci, devant leur discussion de plus en plus hurlante
et confuse, leur dit: "Sortez et laissez-moi car la discorde ne peut être de mise auprès de moi".
(Al-Bukhârî, op. cit., "Livre de la science", 1/22, 23)
Après cet incident, Ibn 'Abbâs ne cessait de dire: "La calamité, toute la calamité, réside dans ce fait d'empêcher le Messager d'Allah, par leur discorde en sa présence, de leur remettre
cet écrit". Al-Bukhârî, op. cit., "Livre d'al-I'tiçâm", des malades Muslim, (op.cit) "Livre de Testament".
Voir aussi notre Livre, Abdullah b. Saba', 1/101
D'aucuns, répondirent : "Le Prophète délire !". Le Prophète s'écria alors : "Allez-vous-en. J'ai raison quelle que soit la condition dans laquelle je me trouve, et tout ce que vous dites
est faux. Laissez-moi seul. Allez-vous-en". Après quoi le Saint Prophète exprima ses trois volontés : 1- chasser tous les mécréants de la Péninsule Arabe; 2- entretenir les délégations venues de
loin. Mais le narrateur ne mentionna pas la troisième volonté, ou l'oublia".
D'autres versions :
Sa`îd Ibn Jubayr rapporte, dans "Musnad Ahmad Ibn Hanbal" et "çahîh Muslim" ce témoignage de `Abdullâh Ibn Abbâs : "Quelle journée que celle de Jeudi ! (Il se mit à pleurer tellement en
évoquant cette journée que ses larmes coulaient sur ses joues comme un fil de perles). Puis, il expliqua que le Jeudi en question était le jour où le Saint prophète avait demandé : "Apportez-moi
de quoi écrire quelque chose grâce auquel vous ne vous égarerez jamais après moi". Mais hélas! Les gens dirent : "Il délire".
Chahâb al-Dîn al-Khafâjî écrit dans "Nasîm al-Riyâdh" que selon la même version de ce hadith, c'est `Omar Ibn al-Khattâb qui dit : " Le prophète délire. ".
Al-Chahristânî écrit pour sa part, dans son livre" al-Milal wa-l-Nihal"que la première dispute ou le premier différend qui avait éclaté entre les musulmans lors de la maladie du Prophète
(P) est celui que Mohammad Ismâ`îl al-Bukhârî rapporta de `Abdullâh Ibn Abbâs dans son livre "?ahîh al-Bukhârî" et selon lequel, lorsque la maladie mortelle du Prophète s'aggrava, il (le
Prophète) dit: "Apportez-moi de l'encre et du papier afin que je vous écrive un document (testament) de crainte que vous ne soyez égarés après moi". Entendant cela, `Omar dit : " Le Prophète
parle ainsi, à cause de la gravité de sa maladie. Le livre d'Allah nous suffit. " Lorsqu'une querelle s'ensuivit, le Prophète dit : " Allez-vous-en et ne vous disputez pas devant moi". C'est là,
la raison pour laquelle `Abdullah Ibn Abbâs dira souvent : "Quelle calamité que cette dispute-là ! Elle fut l'obstacle entre nous et l'écrit du Prophète, et empêcha celui-ci
d'écrire".
Al-`Allâmah Chiblî al-No`mânî écrit : "Il y a le mot "Hajr" dans ce hadith et il signifie "Délire". `Omar interpréta la demande du Saint Prophète comme un "délire" ("Al Fârûq", p.
61).
Nathîr Ahmad Dehlavî commentant cet événement écrit: " Ceux qui convoitaient la Khilâfah (Califat, la succession) contrecarrèrent le dessein du Prophète en provoquant la dispute et
justifièrent leur opposition à la volonté du Prophète (de désigner par écrit son successeur légal) en arguant que le Livre d'Allah leur suffisait (pour éviter l'égarement), et que le Prophète
n'étant pas en possession de tous ses sens, il n'était pas nécessaire de lui apporter de l'encre et du papier pour écrire des choses inutiles. " "Ummahât al-Ummah", p.92.
L'imam al-Ghazâlî écrit, concernant cette affaire lourde de conséquences pour tout l'avenir de la Ummah, tout au long de son histoire que, avant sa mort le Prophète d'Allah avait demandé à
ses Compagnons de lui apporter de l'encre, du papier et un "calame" afin qu'il puisse leur désigner, par écrit, celui qui méritera d'être leur Imam et Calife. Mais à ce moment-là, `Omar demanda
aux personnes présentes d'ignorer la demande du Prophète, parce qu'il disait - selon lui - des choses insensées. "Sirr-ul-`?lamîn, Charh Muslim Novi", Vol. 2.
En bref, lorsqu'on refusa de donner au Prophète l'encre, le papier et le stylo, une dispute éclata entre les Compagnons. Abû Tharr, Salmân al-Farecî, al-Miqdâd et Ibn `Abbâs…etc qui étaient
présents, s'opposèrent à ceux qui récusaient la volonté du Prophète de rédiger son testament.
Les dames présentes à la maison, derrière le rideau, les blâmèrent, elles aussi, en leur disant : "Que vous arrive-t-il? Pourquoi n'écoutez-vous pas ce que le Saint Prophète vous demande ?
Pour l'amour d'Allah, apportez-lui ce qu'il demande".
Ecoutant ce blâme, `Omar dit; "Taisez-vous ! Vous êtes comme les femmes de Yûsuf (Josef). Vous pleurez quand le Prophète est malade, et vous lui tapez sur les nerfs lorsqu'il est bien
portant".
Lorsque le Prophète entendit ces propos de `Omar, il lui dit : "Ne les réprimande pas. Elles sont mieux que toi. " (Al-Tabarânî).