Les cris des hordes omayyades devinrent plus vociférants, les appels au combat se firent plus pressants. Quelques soldats, plus impatients que d'autres, s'approchèrent:
- Hé Houssein ! Où sont donc passés tes soldats qui semblaient si pressés de mourir pour toi ? Où sont donc tes parents, tes frères, tes cousins, qui avaient juré de te protéger et
d'empêcher quiconque d'élever la voix contre toi?
L'Imam Houssein se leva. Il marcha jusqu'au milieu du campement, et il appela les femmes de la Famille du Prophète:
- Zavnab et Kolsoum, mes sœurs, Omm Layla, Omm Rabab, et vous mes filles, Rokayya, Soukeina ! Et toi aussi Fizza, ma nourrice ! Venez toutes. L'heure de nous dire adieu a sonné
!
Toutes elles accoururent à son appel. Toutes elles se pressèrent autour de lui. Zaynab prit la parole:
- Mon frère, est-ce bien vrai que tu vas partir pour ton dernier voyage ? Que nous ne te reverrons plus vivant ? Vas-tu partir en nous laissant seules, à la merci de ces brutes sauvages
?
-Oui Zaynab ! Le moment est arrivé, en vue duquel notre mère t'a préparée depuis ta plus tendre enfance. Je suis bien triste de vous laisser, car je sais que vos souffrances ne vont pas
prendre fin aujourd'hui, mais commencer!
-O mon frère bien aimé ! Quand tu seras au Paradis, tout à l'heure, je te supplie de parler à notre grand-père en notre faveur ! Demande-lui d'intercéder pour que nous venions vite vous
rejoindre, et pour que nous soient épargnés les outrages et les ignominies qui nous attendent en ce monde!
-Zaynab, si tu quittais ce monde si vite, qui donc s'acquitterait de la mission que tu dois remplir? Qui mènerait à son terme la tâche que je laisse inachevée ? Zaynab je te confie mes
orphelins et mes veuves, et ceux et celles de mes courageux compagnons. C'est maintenant à toi, Zaynab de les diriger, de veiller sur eux, de prendre soin d'eux et de les consoler. Je mourrai en
paix si tu me promets, Zaynab, d'être pour eux tous ce qu'étaient tous ceux qu'ils ont perdus aujourd'hui!