Certes Dieu et Ses Anges prient sur le Prophète! O vous qui croyez! Priez sur lui et adressez-lui des salutations de Paix! O mon Dieu! Prie sur Mohammad et sur la Famille de
Mohammad!
Selon les Traditions remontant au Saint Prophète, ces deux Imams sont, tous deux, infaillibles et Dirigeants de l'Islam. Pourtant, ils semblent différents l'un de l'autre dans leur attitude
face à la déviation. D'aucuns sont allés jusqu'à dire qu'il y a une différence d'autant plus nette entre leur vision et leur méthode d'approche respectives que l'Imam al-Hassan, bien qu'il eût à
sa disposition une armée forte de quarante mille hommes, conclut un traité de paix avec Mo`âwiyah, alors que l'Imam al-Houssein, avec en tout et pour tout à peine une quarantaine de partisans et
quelques-uns de ses proches, se souleva pour défendre l'Islam, et n'hésita pas à sacrifier sa vie et celle de ses compagnons et de ses proches, y compris son nouveau-né. Lorsqu'on examine plus
profondément la situation, on constate avec certitude qu'une telle opinion est complètement absurde car, en fait, si l'Imam al-Hassan passa neuf ans et demi de sa vie sous le régime de Mo'âwiyah
sans s'opposer ouvertement à lui, I'Imam al-Houssein aussi passa, après le Martyre de son frère, environ neuf ans sous le même régime sans se soulever contre lui, ni s'opposer ouvertement à
lui.
La différence apparente entre l'attitude de ces deux grands Dirigeants et Imams ne doit donc pas être considérée comme une différence de tempérament chez les deux hommes, mais il faut
plutôt chercher son explication dans la différence de personnalité et d'attitude de Mo`âwiyah et de son fils Yazid.
La politique ou l'attitude suivie par Mo`âwiyah n'était pas fondée sur la négligence ouverte des Enseignements islamiques. Il ne piétinait pas ouvertement les Edits de l'Islam, ni ne les
méprisait publiquement. D'autre part, il avait tenu à être reconnu comme un Compagnon du Saint Prophète et comme l'un des scribes des Révélations Divines. A cela s'ajoute le fait que sa sœur
était l'une des épouses du Messager d'Allah, avec le titre de "Mère des Croyants", et que lui-même se vantait d'être l'oncle maternel des Croyants. En outre, il avait été tenu en estime par le
deuxième calife, qui jouissait de la confiance et du respect des gens.
Par ailleurs, Mo`âwiyah avait nommé comme gouverneurs de nombreux Compagnons du Prophète, lesquels étaient estimés par les gens, comme Abû Hurayrah, `Amr ibn al-'Aç, Samra, Yusr et Mughirah
ibn Cho'bah, etc. Ceux-ci se chargèrent de mobiliser l'opinion publique en faveur de Mo'âwiyah. Mieux, de nombreuses fausses traditions (ahadith, paroles attribuées au Saint Prophète) circulaient
parmi les gens, leur faisant croire que les Compagnons du Saint Prophète étaient infaillibles et leur conduite incontestable, c'est-à-dire que quoi qu'ils puissent faire, c'était justifié. Le
résultat de cette manœuvre fut que, quoi que Mo'âwiyah ait pu faire qui nécessitait une justification, les Compagnons précités - qui étaient le bras droit de leur protecteur - tentaient de le
justifier et de lui donner un habit de légalité. Et, si cela n'était pas suffisant, Mo'âwiyah n'hésitait pas, dans certains cas, à réduire au silence ses opposants pour régner et agir sans
opposition.
Ainsi, partout où ces méthodes tortueuses de persuasion et d'intimidation ne fonctionnaient pas, les partisans de Mo'âwiyah se chargeaient d'éliminer physiquement et sauvagement les
opposants. C'est ainsi qu'ils assassinèrent atrocement des milliers de partisans de l'Imam Ali, connus dans l'Histoire sous l'appellation de "Chï'at Ali", et beaucoup d'autres Musulmans, dont un
bon nombre de Compagnons qui furent perfidement liquidés.
Mo'àwiyah considérait lui-même tout ce qu'il faisait comme étant justifié, et il poursuivait son action patiemment et avec précaution. Il avait le talent de gagner les cœurs des gens par le
tact, la politesse et la douceur, et ce à tel point que lorsque quelqu'un l'abusait et se querellait avec lui, il ne se mettait pas en colère, bien au contraire, il le gratifiait de cadeaux.
Telle était la politique qu'il suivit.
En apparence, Mo'âwiyah montrait beaucoup de respect pour 1'Imam a1-Hassan et l'Imam al-Houssein, et il leur envoyait de précieux cadeaux. Mais d'un autre c6té, dans une proclamation
publique, il signifia clairement à tout le monde que quiconque tenterait de citer un hadith (Tradition ou parole du Saint Prophète) faisant l'éloge des vertus et des hauts mérites des Ahlul-Bayt,
sa vie, ses biens et son honneur ne seraient pas à l'abri, et que quiconque mettrait en évidence une Tradition exaltant la position des Companons, serait généreusement récompensé.
Poussant son hostilité encore plus loin, Mo'âwiyah donna l'ordre à toutes les personnes dirigeant les Prières en assemblée de dénigrer et d'injurier l'Imam Ali du haut du minbar (chaire)
des Mosquées, pour gagner des récompenses spirituelles prétendra-t-il. C'est aussi sur ses instructions que les partisans dévoués de l'Imam Ali furent assassinés en masse, et même des adversaires
de l'Imam Ali furent tués, tout simplement parce qu'ils étaient soupçonnés d'avoir de l'amitié pour lui.
On peut déduire facilement de ce qui précède que si l'Imam al-Hassan s'était soulevé contre Mo`âwiyah, il n'aurait récolté comme fruit d'une telle action aucun résultat positif, mais en
revanche il aurait gravement porté atteinte à l'intérêt général de l'Islam et fourni un prétexte à son élimination physique et à celle de tous ses partisans, offrant ainsi un cadeau inespéré à
Mo'âwiyah dont l'objectif principal était la disparition de toutes traces des Ahlul-Bayt et de leurs partisans. Car, en raison des circonstances complexes et de la confusion générale qui
prévalait, un soulèvement de l'Imam al-Hassan aurait fort bien .pu déboucher sur son assassinat par ses propres partisans. Dans un tel cas, Mo`âwiyah aurait lui-même fait semblant de pleurer sa
mort, ce qui lui aurait attiré la sympathie de tous ceux qui savaient de la vénération pour le petit-fils du Saint prophète, et aurait entrainé leur pacification. Et il aurait en outre saisi
cette occasion (de l'assassinat de l'Imam) pour opprimer les partisans de l'Imam Ali et de l'Imam al-Hassan lui-même, sous prétexte de vouloir venger sa mort. Ce scénario avait déjà été mis en
scène lors de la mort de `Othmân, le troisième calife.
A la différence de son père machiavélique, Yazîd était prétentieux et inconstant. Il croyait que "la force prime le droit".
L'opinion publique était le dernier de ses soucis. Ainsi, le dommage irréparable qui avait été causé jusqu'ici, de derrière le rideau, à l'Islam, Yazid, pendant la courte durée de son
règne, le pratiquera ouvertement et avec insouciance.
Pendant la première année de son règne, il massacra. en bon gouvernant despotique, la progéniture du Saint Prophète.
Au cours de la deuxième année de son règne, il mit à sac la Ville Sainte de Médine, et la livra à son armée, c'est-à-dire que ses soldats disposèrent librement de la vie, des biens et de
l'honneur des habitants de cette ville, laquelle fut mise à feu et à sang pendant trois jours.
Pendant la troisième année de son règne, il détruisit la Sainte Ka`bah, la Maison d'Allah.
C'est en conséquence de ces actes sordides de Yazid que le Soulèvement et le Sacrifice de l'Imam al-Houssein touchèrent tes cœurs des gens, et que leur impact alla grandissant chaque jour
un peu plus.
Au début, le Soulèvement de l'Imam al-Houssein fut considéré comme un mouvement révolutionnaire finissant par un bain de sang ; mais avec le temps, il finit par rassembler un grand nombre
de gens qui étaient prêts à se sacrifier pour la cause de la Vérité, et par amour et respect pour les Ahlul-Bayt. C'est pour cette raison que Mo`âwiyah avait mis son fils Yazid en garde contre
toute tentative de confrontation. Mais finalement, le tempérament haïssable et vaniteux de Yazid l'aveugla et l'empêcha de distinguer la maladresse de la préservation de ses intérêts.