Le Jeudi précédant sa mort, et alors que beaucoup de ses principaux Compagnons étaient présents dans la chambre, le Prophète, étendu sur son lit, demanda qu'on lui apportât ce qu'il fallait
pour écrire quelque chose : "Apportez-moi du papier et de l'encre afin que je puisse consigner pour vous un document qui vous évitera de retomber dans 1'erreur". `Omar s'interposa immédiatement
ainsi : "L'homme est en délire. Le Livre de Dieu (Une grande partie des Musulmans considère cette phrase de Omar comme un geste de séparation de l'orthodoxie établie par le Prophète qui avait
ordonné à tout le monde à suivre le Coran et sa Famille, en déclarant : "Je vous laisse deux grands Préceptes dont chacun dépasse l'autre en grandeur : le Livre de Dieu et ma Famille. Ils ne se
sépareront pas jusqu'à ce qu'ils me rencontrent au Paradis") nous suffit". Quelques-uns parmi l'assistance dirent qu'il fallait apporter le nécessaire pour écrire; d'autres se rangèrent du côté
de `Omar. La discussion s'anima et des voix s'élevèrent très haut pour contrarier le Prophète. Les dames derrière les rideaux voulurent fournir le matériel de l'écriture mais `Omar les rabroua :
"Silence !
dit-il. Vous êtes comme les femmes de l'histoire de Joseph. Lorsque votre maître tombe malade, vous fondez en larmes et dès qu'il va un peu mieux, vous vous mettez à faire des taquineries".
Ayant entendu ces propos, le Prophète dit : "Ne les grondez pas : Elles valent sûrement beaucoup mieux que vous cependant". Maintenant quelques personnes se mirent à demander au Prophète ce qu'il
désirait enregistrer. Mais le Prophète récita sur un ton de colère le verset 2 de la sourate al-Hujurât (IL est dit que ce verset fut descendu à la suite d'une dispute entre Abû Bala et Omar
concernant la nomination du gouverneur d'une ville, au cours de laquelle ils élevèrent la voix si haut en présence du Prophète qu'on pensa qu'il convenait d'interdire de telles indécences dans
l'avenir (Sale). Le non-respect de ce Commandement conduit le Prophète à rappeler l'avertissement à cette occasion) (" ô vous les croyants ! N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète.
Ne lui adressez pas la parole d voix haute, comme vous le faites entre vous, de crainte que vos œuvres ne soient vaines, sans que vous vous en doutiez"). Et dit : "Allez-vous en ! Laissez-moi
seul ! Car ma condition présente est meilleure que celle à laquelle vous m'appelez". Après avoir marqué une pause, il poursuivit : "Mais faites attention aux trois injonctions suivantes : un,
chassez tout Infidèle de la Péninsule; deux, recevez avec hospitalité les délégations et offrez-leur le repas avec largesse, de la même façon que je le faisais". Quant à la troisième injonction,
on dit qu'elle a été oubliée par le narrateur ou que sa mention a été omise.
Ibn `Abbâs se lamenta sur l'irréparable perte subie par les Musulmans ce Jeudi, par suite de l'empêchement du Prophète d'écrire ce qu'il voulait pour la guidance de ses adeptes. Se
rappelant cet événement, il pleura jusqu'à ce que ses joues et sa barbe fussent mouillées par ses lamies.
La maladie du Prophète s'aggravait chaque jour un peu plus et il en était très conscient. L'expédition de Syrie le préoccupait cependant sérieusement. Il continua à dire à ceux qui
l'entouraient : "Envoyez rapidement 1'armée d'Osâmah".