Après sa défaite à Badr, Qouraych fut prise de fureur et de désir de vengeance. Son nouveau chef Abou Soufian commença aussitôt à organiser les préparatifs de la nouvelle bataille tout en
interdisant les femmes de Qouraych de manifester les signes de deuil avant que la mort de leurs parents fût vengée. Abou Soufian voulait par ces restrictions raviver la rancune et attiser encore
plus le feu de la colère de Qouraych.
D'un autre côté, les juifs de Médine furent très angoissés par la victoire des musulmans et ils essayèrent à tout prix de pousser la tribu de Qouraych vers sa revanche. Ainsi, l'un de leurs
chefs appelé Kaâb Ibn El'Achraf qui était aussi un poète, fut envoyé à la Mecque pour réciter devant Qouraych des poèmes appelant à la vengeance.
Qouraych organisa alors une réunion à la maison des congrès pour discuter les modalités pratiques de la prochaine bataille. Ils décidèrent alors d'attaquer Médine et destinèrent pour cette
fin un budget colossal et ils ne manquèrent pas de demander de renfort de la part de leurs alliés traditionnels.
L'armée des mécréants dépassa les trois mille guerriers. Ils étaient animés par une rancune profonde et aveuglés par le désir ardent de vengeance.
Lorsqu'ils avancèrent vers Médine en essayant de garder le secret autant que possible, la nouvelle de cette campagne parvint au Prophète (SAW) par une terre de son oncle 'Abbas qui
demeurait à la Mecque et cachait son Islam.
Abou Soufian prit le commandement de la campagne, alors que la cavalerie de l'armée fut confiée à Khaled Ibn Walid. Et alors que ces mécréants s'avancèrent vers Médine, les musulmans,
avertis, tinrent une réunion générale dans la mosquée et décidèrent d'aller à la rencontre de l'ennemi en dehors de la ville.
Et lorsqu'ils se rassemblèrent, leur nombre était d'environ un millier dont le tiers ne tarda pas de manifester hypocrisie en rebroussant chemin juste avant le début des combats. Mais ceci
n'avait pas altéré la volonté des musulmans qui s'impatientaient de mourir pour l'amour de Dieu. Le Prophète (SAW) s'avança alors avec ses fidèles à la rencontre d'un ennemi qui leur était quatre
fois supérieur en nombre et en équipement.
Le Prophète (SAW) choisit de bonnes positions stratégiques aux pieds de la montagne d'Ohod, à la proximité de Médine.
La rencontre des deux armées fut le samedi 7 Chaoual de l'année 3 de l'hégire et les musulmans se trouvèrent alors entre la montagne et l'armée ennemie.
Pour parer toute attaque contre l'arrière de l'armée des musulmans, le Prophète (SAW) ordonna à une cinquantaine d'archers d'occuper une colline dominant la seule voie possible du
danger.
Et vue l'importance stratégique de la position occupée par les archers, le Prophète (SAW) les somma catégoriquement de ne pas l'abandonner quel qu'en soit le prétexte.
Le premier affrontement entre les deux armées se solda par une défaite cinglante des mécréants qui s'empressèrent alors de fuir le champ de bataille et les musulmans se lancèrent à leur
poursuite.
Les archers, observant le déroulement des combats du haut de la colline, crurent que la bataille fut terminée et qu'ils étaient de leur droit de descendre près de leurs frères combattants
pour ramasser avec eux les butins laissés par les vaincus.
Mais Khaled Ibn Walid, chef de la cavalerie observait tout cela de loin et quand il vit l'arrière des musulmans découvert par l'abandon des archers de leurs position, il mena une attaque
surprise par cette voie, semant ainsi le désordre dans les rangs des musulmans et renversant le cours des combats.
La plupart des musulmans n'étaient pas à la hauteur de cette nouvelle épreuve, et croyant que le Prophète (SAW) fut tué dans l'attaque des cavaliers, ils se dispersèrent dans toutes les
directions laissant une petite minorité de combattants courageux et fidèles qui résistèrent au choc et empêchèrent les mécréants d'atteindre le Prophète (SAW).
Dans cette phase décisive et dangereuse de la bataille, le fidèle 'Ali (AS) se distingua par sa défense héroïque du prophète et put enfin finir la bataille en sauvant la vie au petit nombre
de défenseurs qui de ressemblèrent alors dans une position plus solide pour préparer une contre-attaque...
Quant les mécréants virent la possibilité d'une deuxième victoire des musulmans, ils abandonnèrent le champ de bataille, se réconfortant du grand nombre de musulmans qu'ils avaient pu
tuer.
La bataille d'Ohod avait été une véritable leçon pour les musulmans; en effet, si les archers avaient obéi aux ordres du Prophète (SAW), le renversement des cours du combat n'aurait jamais
eu lieu.
D'autres part, la fuite hâtive d'un grand nombre de musulmans et particulièrement de certaines personnalités bien connues des Mouhajirins qui crurent à le défaite au moment même où le
Prophète (SAW) les appelait à résister, montre que l'amour de la vie était toujours maîtres des cœurs de la majorité des musulmans.
Tout cela montre que le corps de la jeune communauté musulmane souffrait de faiblesse sérieuse que seule une bataille de niveau aurait pu révéler à tout le monde et enregistrer pour
l'histoire.